Jacky Micaelli est née à Bastia, dans le quartier Saint-Joseph, le 5 janvier 1955.
« J'ai chanté avant de parler. Je n'ai pas choisi, c'est ainsi !» racontait-elle.
Formée au chant par Jean-Paul Poletti, co-créateur de Canta U Populu Corsu, formation pionnière du renouveau de la musique corse et d'un mouvement de prise de conscience politique et culturelle qui se développe au début des années 70, elle débute sa carrière en 1986, avec le prix du concours de chant de Radio France, la parution de son premier 45 tours : L'Arcu Di Sperenza.
Grâce à son immense talent, Jacky est reconnue comme une grande artiste et sa renommée s'étend bien au delà des frontières.
En 1988 elle fait partie des Découvertes du Printemps de Bourges, où elle représente la Corse. Elle remporte le prix des auditeurs Radio-France, lors du Trophée Radio France de la Jeune Chanson Française à Périgueux.
Toujours en 1988, à l'Opéra Bastille à Paris et au Festival de Lille, avec le groupe Donnisulana, elle interprèète « A Hélène », l'oeuvre de Iannis Zenakis.
En 1989, elle joue et chante dans la comédie musicale de Mighé Raffaelli « A Pruvatoghja », au théâtre de Bastia.
Jacky Micaelli est lancée. Elle excelle aussi bien dans les chants sacrés que les profanes, la variétés, le jazz et le répertoire classique. Elle chante avec Jacques Higelin, dont elle deviendra l'amie, lors d'un spectacle au Grand Rex et au Cirque d'Hiver à Paris.
Elle est invitée par Marcel Péres à chanter avec l'ensemble Organum, et par le groupe Tavagna.
Sa voix puissante et belle ne triche pas. Elle chante vrai. Elle chante l'âme. Elle enchante l'âme !
De 1990 à 1992, elle fait une tournée nationale avec la compagnie de danse Balmuz dans « A Mossa », récital de chants et de danses de Jacques Patarozzi.
En 1991, au Festival du Film et des cultures méditerranéennes de Bastia, son interprétation de la cantate pour une voix de femme à « Matria » est un énorme succès.
Elle participe à la création Gesù al Sepolcro, oratorio de Giacomo Antonio Perti, qui lui vaudra de se produire La Fenice de Venise en 1988, à la basilique de Lourdes l'année suivante, à La Scala de Milan (1989), ou encore festival de musique de La Chaise-Dieu en 1992
A partir de 1992, elle entreprend une grande tournée internationale avec le groupe Donnisulana. Elle chantera au Japon, au Texas et dans toute l'Europe.
Au Japon, elle fait la connaissance de Kazumi Watanabé et du groupe de « chants d'Okinawa » au festival de Sado. Un deuxième voyage au Japon en 2000 en découlera, pour une tournée avec Kazumi Watanabé, guitariste de Jazz japonais.
En 1995, elle est l'invité d'honneur sur Franc3 Corse, dans l'émission "La Nave Va", aux côtés de Jean-Jacques Torre et de Michèle Donignazzi.
En 1996, elle chante et joue dans « A Pesta », adaptation corse de « La Peste » d'Albert Camus, de Jean-Pierre Lanfranchi.
Au cours de cette même année 1996, elle sort son premier Opus « Corsica Sacra ». Ce disque reçoit le grand prix du disque de l'Académie Charles Cros, le Choc du monde de la Musique et le Diapason d'Or ! S'en suit une grand tournée couronnée de succès.
En 2000, Jacky interprète "A cantata Corsica" de Jean-Paul Poletti au théâtre de Bastia et à Cannes.
Elle enregistre également Les Chants de la Liberté, avec Antoine Ciosi, parmi lesquels, une interprétation remarquable de «l'Affissu Zifrattu » adaptation de l'Affiche Rouge, du poète Jacque Fusina.
Puis, elle se produit dans plusieurs salles parisiennes réputées : Le Café de la Danse, l'Olympia, le Petit Journal, l'Européen, le Théâtre de la Ville, l'Opéra Bastille...
En 2001, elle part en tournée dans tout le pays basque avec E Voce é di E Pelle.
Au Festival de Londres, avec Donnisulana, elle rencontre Peter Gabriel.
En 2001, sortie de son second CD « A Mor'esca », dans lequel elle offre un voyage dans le bassin méditerranéen, rythmé de Blues, de Saudate, sans se départir de son âme corse. Ce voyage la conduit tout naturellement à intégrer le groupe Rassegna, pour y partager les sonorités du flamenco et de la polyphonie corse.
L'année 2003 est celle de la sortie de son troisième CD « Fiamma ». Ce CD est le fruit d'une très belle amitié et d'une complicité artistique entre Jacky Micaelli, Jean-Etienne Langianni et son épouse Marie. Les arrangements de Jean-Etienne, qui sont magnifiques, la communion que l'on devine entre eux trois, font de ce CD un bijou de spiritualité.
A partir de 2004, Jacky Micaelli et Jean-Etienne Langianni, animent ensemble des stages de polyphonies corses. La transmission était pour Jacky une raison d'être. Elle continuera à animer des stages jusqu'à son dernier été en 2017...
"Ce que j'essaie d'apprendre, ce n'est pas à chanter, mais le plaisir de chanter, de partager, de communier. C'est une thérapie de bonheur ! Jacky Micaelli
En 2005, sortie du double album « Ti Ricordi ». Avec André Jaume et Jean-Etienne Langianni (directeur artistique et guitariste), Jacky nous offre un délicieux panel d'émotions, un retour aux sources, un voyage dans le temps.
Cette année là, voit la création de « Stella Matutina », résultant des talents conjugués de Jacky Micaelli et de Jean-Etienne Langianni, consacrée à des chants à la Vierge selon la tradition ancestrale Corse. Jacky y interprète une partie en « messe brève » accompagnée par d'anciens stagiaires dont sa fille Sylvia Micaelli. Cette création a donné lieu à une tournée en Castaniccia, d'une participation au festival de Lorrach en 2008 et fera l'objet d'un enregistrement en 2009, au couvent de Corbara.
Fin 2009, préparation d'un répertoire de polyphonies corses et occitanes débouchant sur un CD intitulé « Corsi'Tania ».
De 2010 à 2012, Jacky et le groupe U Ponticellu tourne son répertoire « Stella Matutina » en Corse et sur le Continent.
En 2013, enregistrement de l'album « Corsi'Tania » avec le groupe U Ponticellu et le percussionniste Thomas Lippens.
Rencontre avec le groupe italien « Les Anarchistes », musiciens talentueux alliant la polyphonie corse au free jazz et au rock. Ensemble, ils intègrent le projet européen « Sonate di Mare » qui se poursuivra en 2014.
Jacky Micaelli nous a quitté en septembre 2017. Cette grande voix s'est tut mais résonne encore dans notre cœur. Sa fille Sylvia Micaelli, qui faisait partie du groupe U Ponticellu, constitué d'anciens stagiaires, et qui a été bercée par la voix de sa mère et nourrit de chants polyphoniques corses et autres depuis sa tendre enfance, a décidé de reprendre le flambeau.
Je devais et je pouvais acter la promesse faite à ma mère quelques mois auparavant : reprendre le flambeau !
Elle a créé l'Association « l'Arcu di Sperenza », avec Joanne D'Amico, également stagiaire de Jacky Micaelli pendant une dizaine d'années et avec Hélène Buti, sœur de Jacky.
A son tour, elle organise et anime des stages de chants polyphoniques corses pour perpétrer la transmission...
Depuis août 2020, Didier Cuenca leur cousin, a, lui aussi intégré l'association en tant qu'animateur bénévole des stages de polyphonies corses.
Ensemble ils ont constitué le Trio de Polyphonies Corses : FIAMMA.
Malgré la disparition de notre regrettée Jacky Micaelli, le lien n'est pas rompu ; nous appartenons à une longue chaîne qui s'étend à l'infini. Ainsi opère la magie de la TRANSMISSION.
"Ce n'est pas tant le chant qui est sacré mais le lien qu'il créé entre les êtres". Philippe Barraqué
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